Les questions de cinéma sur la programmation de l'édition 2024-2025
Les questions de cinéma sont des interventions thématiques à partir d’un ou plusieurs films de la programmation. À partir d’un axe précis lié à des enjeux de mise en scène, l’intervenant propose aux élèves différents extraits de films. Objectif de ce type d’intervention : amener les élèves à consolider leur pratique culturelle grâce à cette ouverture sur le cinéma.
Métiers de cinéma : rencontre avec un professionnel (décoration, costumes, accessoires, montage son )
Depuis maintenant plusieurs années, la coordination de Lycéens et apprentis au cinéma propose d’explorer les métiers du cinéma: comment se prépare un tournage ? Quels corps de métiers travaillent ensemble ? Comment les professionnels présents sur le plateau se mettent-ils au service de la vision du ou de la cinéaste pour créer un film ?Un professionnel du cinéma - accessoiriste, cheffe déco, costumière ou monteuse son - présentera son parcours et son métier à partir de documents de travail et d’extraits de films sur lesquels il a travaillé.
Filmographie indicative :
Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène, Eleanor Coppola (1991)
Chantons sous la pluie, Stanley Donen et Gene Kelly (1952)
Soyez sympas, rembobinez , Michel Gondry (2008)
Cecil B. Demented, John Waters (2000)
Sogni d’oro, Nanni Moretti (1981)
Perfect Blue, Satoshi Kon (1997)
Questions transversales sur l'ensemble de la programmation
Face à l’altérité (tous les films de la programmation)
À partir d’exemples tirés de la programmation annuelle et d’autres films, nous verrons comment les réalisateurs utilisent les outils du cinéma pour offrir leur point de vue, leur représentation de la réalité, leur regard sur le monde ; en d’autres termes leur regard sur l’autre. Leurs personnages, à leur endroit, sont eux-mêmes pris dans un réseau de relations humaines qui questionnent leur identité. À son tour, le spectateur saisit ces interactions qui construisent le film et s’y déploient, comme des occasions de se confronter à l’altérité dans toute sa complexité.
Filmographie indicative :
Certains l’aiment chaud, Billy Wilder (1959)
Tous les autres s’appellent Ali, Rainer Werner Fassbinder (1974)
Joue-la comme Beckham, Gurinder Chadha (2002)
Je, tu, il, elle, Chantal Akerman (1974)
L’innocence, Hirokazu Kore-Eda (2023)
Corps et territoires (tous)
Témoin du temps qui passe et gardien de la mémoire, le cinéma fixe sur pellicule des êtres que chaque visionnage fera revivre, même longtemps après leur disparition. Le corps en mouvement, après avoir impulsé l’invention du dispositif cinématographique (Eadweard Muybridge, Etienne-Jules Marey), se trouve aujourd’hui encore au cœur de ce dernier, qui ne cesse d’en travailler la matière et d’en explorer les limites. Du corps survitaminé des superhéros au corps invalide des mutilés, en passant par le corps augmenté défendu par le transhumanisme, les films se font l’écho des préoccupations de leur temps en inscrivant dans le corps les dangers et les fantasmes d’une époque mais aussi des territoires.
Filmographie indicative :
Elephant Man, David Lynch (1980)
The Father, Florian Zeller (2020)
Wardi, Mats Grorud (2018)
Tomboy, Céline Sciamma (2011)
Much Loved, Nabil Ayouch (2015)
Val Abraham, Manoel de Oliveira (1993)
Les Lumières de la ville
Histoire du cinéma burlesque
Charlie Chaplin accompagne, par l‘évolution du personnage de Charlot, la mue du cinéma burlesque du muet au parlant. A la sortie des Lumières de la ville en 1931, le cinéma parlant existe déjà depuis plusieurs années, mais Chaplin continue de défendre la pantomime, le burlesque muet, qu'il conçoit comme une langue universelle. Il pensait que le cinéma en passant au dialogue se rapprocherait du théâtre et y perdrait sa spécificité. À sa suite, des cinéastes contemporains ont insufflé une nouvelle dynamique à l’esprit du burlesque muet : un comique largement basé sur le corps et ses limites physiques. Les élèves seront invités à participer à cette recherche de références burlesques contemporaines.
Filmographie indicative :
The Artist, Michel Hazanavicius (2011)
Ace Ventura, détective chiens et chats, Tom Shadyac (1994)
Les films de Jacques Tati avec le personnage de M.Hulot
Les films avec Jackie Chan (Half a Loaf of Kung Fu, Crime Story, Big Brother)
Les films des Marx Brothers (Noix de Coco, L’Explorateur en folie)
Charlot et la lutte des classes
La carrière au cinéma de Charlie Chaplin commence dès 1914, moins de vingt ans seulement après l’apparition du cinématographe des frères Lumières et s’achèvera quelques années avant son décès survenu en 1977. Acteur, scénariste, producteur, compositeur et réalisateur, Chaplin est un cinéaste complet qui a profondément marqué l’histoire du cinéma, mais également un fin commentateur de l’Histoire du XXème siècle : Les Lumières de la ville offre une vision touchante d’un vagabond en pleine période de la Grande Dépression, Les temps modernes interroge le système de production capitaliste à l’age du fordisme et Le dictateur la montée de l'extrême droite et de l'idéologie fasciste en lors de la seconde guerre mondiale. Comment Chaplin, à travers le personnage de Charlot, interroge-t-il les grands bouleversements de son temps pour nous livrer une œuvre éminemment politique ?
Filmographie indicative :
Les films de Ken Loach
La nuit des femmes, Kinuyo Tanaka (1961)
La bataille d’Algers, Gillo Pontecorvo (1966)
Los Delicuentes, Rodrigo Moreno (2024)
Parasite, Bong Joon-ho (2019)
Taipei Story, Edward Yang (1985)
Black Harvest
Filmer le réel
Comment le réalisateur d’un film documentaire utilise les outils du cinéma pour offrir son point de vue, sa représentation de la réalité ? Le cinéma documentaire n’est pas, comme le voudrait une croyance commune, l’enregistrement fidèle et objectif de la réalité. Au contraire, le film naît de la relation entre le filmeur et le filmé. Cela peut même devenir l’enjeu central du film. Les documentaristes transforment ce réel, y compris poétiquement, pour le révéler au moyen du montage, du cadrage, des choix de lumière et du travail sur le son. La spécificité de ce cinéma d’interaction est donc de se saisir de situations, issues de la confiance des personnes filmées, avec un point de vue autant esthétique que moral.
Filmographie indicative :
La filmographie de Frederick Wiseman
La filmographie de Jocelyn Saab
Portraits Fantômes, Kleber Mendonza Filho (2023)
Saravah, Pierre Barouh (1972)
Talking about Trees, Suhaib Gasmelbari (2019)
Le sang des bêtes, Georges Franju (1949)
Au cimetière de la pellicule, Thierno Souleymane Diallo (2023)
Documentaire et tragédie
Black Harvest détourne la forme du film ethnographique autant qu’il en subvertit le sujet en prenant la forme d’une grande tragédie grecque. Comment s’écrit un film documentaire et quels sont les outils de sa dramaturgie ?
Filmographie indicative :
Etat Limite, Nicolas Peduzzi (2023)
Récréation, Claire Simon (1998)
Les filles d’Olfa, Kaouther Ben Hania (2023)
Adieu Sauvage, Sergio Guataquira Sarmiento (2023)
La bête lumineuse, Pierre Perrault (1982)
The Host
Genre et Genres
Pourquoi le film de genre a-t-il une portée politique depuis ses commencements ?
Comment Bong Joon-ho, à l’instar d’une génération de cinéastes coréens, a su se saisir des troubles dans les genres cinématographiques pour renouveler sa fiction et ainsi élargir sa palette formelle ?
Filmographie indicative :
O’Brothers, Joel et Ethan Cohen (2000)
Le règne animal, Thomas Cailley (2023)
Les prédateurs , Tony Scott (1983)
The Substance, Coralie Fargeat (2024)
Eat the Night, Caroline Poggi et Jonathan Véniel (2024)
Bottoms, Emma Seligman (2023)
Le Monstre au cinéma
Où est le monstre ? Dans certaines œuvres, il est souvent absent, tapis dans l’obscurité, dans l’attente de surprendre les spectateurs. Dans d’autres films, il apparaît en pleine lumière. Perd-il pour autant de son mystère ? Qu’y a-t-il à voir de ce monstre qui se laisse regarder ? Fait-il plus ou moins peur maintenant qu’on le voit ? Et d’ailleurs, ne se cache-t-il pas pour mieux apparaître ? Mettre en scène le monstre est donc un enjeu majeur pour les cinéastes. Se pose souvent la question de montrer ou ne pas montrer le monstre ; alors que la véritable question – de l’horreur suggestive de Jacques Tourneur au tournant gore des années 80 – reste toujours celle-ci : quand montrer ? Ce sera l’occasion de voir comment fonctionnent les mécanismes de la peur au cinéma.
Filmographie indicative :
Nope, Jordan Peele (2022)
Alien le huitième passager, Ridley Scott (1979)
Bienvenue à Zombieland, Ruben Fleischer (2009)
Frankenstein, James Whale (1931)
Un monstre à Paris, Bibo Bergeron (2011)
À L'ABORDAGE
La fiction teintée de documentaire
Des cinéastes héritiers d’une tradition lumiériste cherchent à tutoyer le réel au cœur de leurs fictions. Comment la fiction s’inspire-t-elle du documentaire ? Comment les territoires s’immiscent-ils dans la fiction ?
Filmographie indicative :
All we imagine as light, Payal Kapadia (2024)
Vingt Dieu, Louise Courvoisier (2024)
La Bataille de Solférino, Justine Triet (2013)
Mambar Pierrette, Rosine Mbakam (2024)
Saint Omer, Alice Diop (2022)
La pointe courte, Agnès Varda (1955)
Les films de vacances
Le film de vacances pourrait presque être considéré comme un genre cinémato-
graphique en lui-même. À travers l’étude d’un corpus divers, nous interrogerons ses codes, son histoire et l’influence de la comédie américaine.
Filmographie indicative :
Nos jours heureux, Eric Toledano et Olivier Nakache (2006)
Aftersun, Charlotte Wells (2023)
Spring Breakers, Harmony Korine (2012)
Le Plongeon, Frank Perry et Sydney Pollack (1968)
Call me by your name, Luca Guadagnino (2017)
Freda
Rester ou partir
Comment le cinéma montre-t-il les personnages sur le départ, le dilemme entre attachement à un lieu et désir d’émancipation ? Avec l’étude Freda, nous pourrons étudier la situation plus particulière des femmes, tiraillées entre leurs devoirs et leurs envies, leurs obligations et leurs rêves.
Filmographie indicative :
L’Histoire de Souleymane, Boris Lojkine (2024)
Divines, Houda Benyamina (2016)
Sans coeur, Nara Normande et Tiao (2024)
Flee, Jonas Poher Rasmussen (2021)
Bye Bye Tibériade, Lina Soualem (2024)
À bout de course, Sidney Lumet (1988)
Intime et politique
Avec Freda, Gessica Généus livre une œuvre intimiste, centrée autour du personnage de Freda et de sa famille. La cinéaste mets en scène un personnage principal qui subit dans sa chair la violence que subissent les femmes dans les sociétés patriarcales et exhume les fantômes de la colonisation. Mais le film s’extrait rapidement du cadre de l’intime pour poser un regard aiguisé sur un pays en pleine crise politique. A partir de questions de mise en scène nous verrons comment le cinéma réussit à mêler l’intime au politique.
Filmographie indicative :
Daniel, Sidney Lumet (1983)
Nous nous sommes tant aimés, Ettore Scola (1974)
À son image, Thierry de Peretti (2024)
Retour à Reims, Jean-Gabriel Périot (2022)
Toute une nuit sans savoir, Payal Kapadia (2021)
Joyland, Saim Sadiq (2022)
Voyage à Gaza, Piero Usberti (2024)