J’ai perdu mon corps (2) - Par Rochelle Fack

Le cinéma d’animation consiste à mettre en mouvement des objets inertes (dessins, poupées, épingles…) par différentes techniques (stop-motion, animation 2D, 3D…). Hormis la dimension ludique et magique, que l’on peut y voir, il y a aussi quelque chose de proprement poétique dans le fait d’animer, de “doter d’âme”. Enfin, partir d’un corps inerte pour le mettre en mouvement et l’affecter d’un caractère, d’émotions et de sentiments, c’est un peu lui donner la vie, voire le rendre à une vie qu’il aurait perdue, comme le conçoit Hayao Miyazaki, qui préfère, au terme de cinéma d’animation, celui de cinéma de réanimation. Il tient les objets inertes (chez lui, des dessins), non pas comme des choses intrinsèquement dépourvues d’âme et de mouvement, mais comme des choses ayant vécu, et se trouvant, quand il les dessine, dans une phase inanimée éphémère.